Superficie: 157 km²
Lieu: Centre Est de la Tunisie
Nombre d’habitants:
A l’année:: 14,000
Saisonniers: 20,000
Nombre de visiteurs:
Tourisme : 700 lits en hôtels
Ile protégée: oui
Statut de protection marin: l’archipel est classé Réserve de Chasse
Description générale
L’archipel des Kerkennah est composé de deux îles principales – Gharbi et Chergui – et de douze îlots de très faible altitude. Cet archipel a une histoire très riche qui débute à l’époque romaine (Hérodote le mentionne dans ses écrits). Ses habitants vivent principalement de la pêche, de l’agriculture et du tourisme mais les activités économiques actuelles mettent en danger la biodiversité unique de l’île : végétation halophile et zones humides, herbiers marins et leurs habitants ainsi que les lieux de reproduction et d’hivernage des oiseaux de passage. Des hydrocarbures sont exploités à proximité immédiate du site.
Description géographique de l’île
L’archipel est constitué d’îles et d’îlots de très faible altitude, dont le linéaire côtier est très vulnérable à l’érosion, notamment celle provoquée par l’élévation du niveau de la mer. Les épisodes de submersion risquent de se multiplier en fréquence et en durée. On trouve dans les Kerkennah de nombreuses et vastes sebkhas. Les îles Kerkennah ont des structures paysagères spécifiques entre insularité et écosystème oasien, ce qui confère à cet archipel une structure paysagère unique : zones humides, linéaire côtier sous influence de marées de forte amplitude, ...
CONTEXTE SOCIOCULTUREL
Les Kerkennah recèlent d’un patrimoine historique exceptionnel : les vestiges disséminés dans l’archipel attestent d’une présence humaine depuis le Ve siècle av. J.-C. Puniques, Romains puis Aghlabides, Fatimides et Zirides s’y sont installés, bâtissant ponts, routes, forts et citernes. Puis, ce sont les rois de Sicile, les Catalans et Espagnols qui l’ont, tour à tour, conquise et abandonnée. Elle fut ensuite dominée par les Turcs et connut une ère de grande prospérité. 7 des 12 villages qui la peuplent aujourd’hui furent fondés à cette époque. L’histoire de cette île se raconte également au gré des voiles des felouques kerkenniennes et autres embarcations spécifiques liées à cette île. La vie culturelle de l’archipel est rythmée par les festivals du poulpe, de la sirène et de la datte....la vie associative est active sur l’île où la société civile joue un rôle de plus en plus actif.
Activités économiques
L’économie kerkennienne repose sur quatre secteurs : la pêche, le tourisme, les hydrocarbures et l’agriculture. La pêche est essentiellement artisanale et produit en moyenne 1 550 tonnes par an, avec une flottille de 500 barques motorisées et 1 400 barques non motorisées. Le tourisme est surtout estival, culturel et de détente. Les eaux des Kerkennah font partie de deux champs gaziers (Circina et Chergui), où des hydrocarbures sont exploités. En ce qui concerne l’agriculture, on trouve majoritairement des vergers, des oliviers et des palmeraies (destinées au bétail). On trouve également de l’artisanat traditionnel, autour du tissage « fouta et tarf kerkennien » et de la vannerie, notamment pour la construction des barques felouques.
CONTEXTE ENVIRONNEMENTALE
Les sols côtiers subissent des intrusions marines fréquemment (surtout en hiver), ce qui influence la végétation, globalement halophile, sauf sur les zones non inondables. On trouve par exemple Cenchrus ciliaris et des associations comme armoise herbe blanche et asperge (Artemisia herba-alba & Asparagus albus) ou encore sparte (Lygeum spartum) et passerine hérissée (Thymaelea hirsuta).
L’archipel des Kerkennah est un site important pour les espèces d’oiseaux hivernantes: spatules blanches (Platalea leucorodia), hérons cendrés (Ardea cinerea), pour les laridés comme les goélands leucophées (Larus michahelis), etc. Au printemps, l’archipel est un site de reproduction pour de nombreux oiseaux marins, dont les sternes. Enfin, le plateau des îles Kerkennah est dans sa majorité couvert de phanérogames marines, Posidonia oceanica et Cymodocea nodosa que l’on trouve sous différents aspects.
Enjeux spécifiques
A l’heure actuelle, les Kerkennah doivent relever le défi de la préservation de leur patrimoine culturel et environnemental. En effet, faute d’être valorisés, les savoirs faires insulaires artisanaux, notamment la construction des felouques kerkenniennes, ont tendance à disparaitre.
Par ailleurs, la biodiversité est mise sous pression par la disparition des herbiers de posidonies. La surpêche, l’utilisation d’engins prohibés et le chalutage fragilisent le milieu marin en arrachant les herbiers et en pêchant des espèces non ciblées (comme les tortues). La pollution et les espèces invasives représentent des pressions supplémentaires pour le milieu. Ces pratiques, accompagnées du dragage en mer et de la prospection gazière, renforcent l’érosion des côtes et mettent l’archipel en danger. De nombreuses zones humides voient leur espace se réduire. Les espèces végétales sont localement en régression et les espèces animales, notamment les oiseaux, sont probablement moins présentes (programmes de suivi inexistants). Certains espaces sont défigurés par des dépôts d'ordure, les déblais de construction ou par les déversements d'eaux usées ou d'eaux de pluie.
Les problématiques des déchets spécifiquement liés à la pratique de pêche (filets, nasses, bidons, huiles usagées...) restent un sujet à part entière sur les zones habitées et en frange côtière.
Référence